Claude Vivier
Gérard Grisey

[Musique]

« Crois-tu en l’immortalité de l’âme ? », demande Claude Vivier. Dans ce concert, deux œuvres ultimes vibrent de l’expérience du seuil de l’existence, en des timbres moirés et somptueux. Oscillant entre le mobile et l’immobile, entre l’expansion et la compression du temps, elles disent l’une le désastre, l’autre « l’aube d’une humanité enfin débarrassée du cauchemar ».

Dernière partition de Claude Vivier, Glaubst du an die Unsterblichkeit der Seele ? connut une genèse d’une « merveilleuse sérénité ». L’œuvre, à l’effectif singulier – un chœur à douze voix, trois synthétiseurs et quelques percussions –, chante pourtant la peur, non pas tant d’être mort, que de mourir. Or, peu avant son propre assassinat, Vivier y met en scène un jeune homme rencontré au hasard d’une rame de métro et dont le regard le fascine : « Sans autre forme de présentation il sortit de son veston noir foncé acheté probablement à Paris un poignard et me l’enfonça dans le cœur. » Un ange de la mort, qui semble être là de toute éternité.
En regard, dans les Quatre Chants pour franchir le seuil, Gérard Grisey, qui avait bien connu Vivier – à qui il dédia son diptyque Anubis – Nout –, emprunte à quatre sources, chrétienne, égyptienne, grecque et mésopotamienne, l’expression poétique et métaphysique du vide, de l’écho, du silence, de la disparition, de l’atténuation et d’une ombre existentielle et sonore. Aucun désespoir ici, mais une sérénité et la calme acceptation d’une autre forme de présence
Entre ces œuvres testamentaires, les Cinq Chansons pour percussion de Vivier, chansons du matin, de midi, d’après-midi, du soir et de la nuit, évoluent autour de quelques sons, entonnent une tendre mélodie, louent le soleil, méditent sur la vie ou s’abandonnent au rêve.

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Durée : 1h15 plus entracte