Marcelo Evelin  A Invenção da Maldade

[Danse]

Un plafond de cloches de céramique et de métal pétrifie l’atmosphère, étrange, tel le silence d’un sanctuaire que seuls briseraient les cris du vent, avant de devenir l’orchestre de la pièce. Autour d’un feu de camp, le chorégraphe brésilien invite les spectateurs au plus près du tumulte des corps des sept danseurs.

Frénétique, mystérieux, imprévisible, voire incongru, le mouvement des interprètes touche à l’énigme. Un paradoxe – pureté animale, affection agressive ? – semble les rapprocher. C’est un frôlement de présences sans sujets, de solitudes juxtaposées dans l’espace, un mouvement qui traverse la chair comme un fluide. De différentes nationalités, les danseurs représentent une diversité d’être au monde, une altérité chère au travail d’expérimentation que mène Marcelo Evelin. En portugais, il y a une différence entre mal, le « mal », et maldade, que l’on pourrait traduire par « méchanceté ». À rebours du politiquement correct, en ce fantasme clair-obscur, le chorégraphe souligne l’archaïsme et l’innocence de la méchanceté. Un enfant qui fait mal ne connaît pas sa propre férocité. Sans spéculation, mais à l’appui d’une réflexion avec le philosophe Jonas Schnor, Marcelo Evelin et son équipe ont cherché, dans « les abîmes de la méchanceté », une réinvention du corps premier, dépourvu d’intérieur, à la fois ici et lointain, lieu figuratif où s’effondrent le désir et la pensée. A Invenção da Maldade interroge le moment où la méchanceté demande sa propre origine et n’entend pas de réponse, éclaire l’endroit où la question se cogne à une inconnue, un trou dans le monde.
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Durée : 1h10
Avertissement : les danseur.seuse.s sont totalement nu.e.s sur toute la durée du spectacle.