Mark Andre
Matthias Pintscher

[Musique]

Dans les œuvres de Matthias Pintscher comme dans celles de Mark Andre, la spiritualité affleure. Les références à l’hébreu de la Bible et au passé chez Pintscher, aux Évangiles et à la théologie chez Mark Andre se côtoient dans ce programme.

« Mar’eh signifie “visage”, “signe”. Le mot hébreu peut évoquer l’aura d’un visage, une vision extraordinaire, quelque chose de merveilleux qui apparaît soudain devant vous. » Des fils se déroulent alors et introduisent une autre dimension de l’œuvre, se référant à une citation de Luigi Nono : « presence – memorie – colori – respire » inscrite en tête de la partition. Ainsi, mar’eh parle aussi de mémoire : dans son apparition, c’est le passé qui résonne et respire avec elle. Créée fin janvier à Berlin, Nur, avec Daniel Barenboim au piano et sous la direction du compositeur, est en trois mouvements : 1. lightly, floating ; 2. sospeso, sospirando ; 3. erratico, con durezza.
Nombre de pièces orchestrales récentes se présentent comme les lentes traversées d’un sujet écoutant, à l’affût d’échos, d’événements, de signes. Chez Mark Andre, cette disposition se teinte d’un sens religieux : c’est la présence/absence du Dieu qui est indiquée par là. Dans la trilogie riss (déchirure), le compositeur s’inspire des travaux de la théologienne Margareta Gruber, rencontrée à Jérusalem, qui développe une réflexion sur la présence du Christ, laquelle se manifesterait par l’intensité même du sentiment de son absence. L’attente mystique vaudrait comme preuve d’existence du fils de Dieu, dont le lieu même est la déchirure entre ciel et terre, entre les bras de la croix. « riss, dit Mark Andre, laisse observer une musique avant, durant et après la disparition » et il en déduit tous les gestes musicaux de la composition. L’auditeur doit saisir « une forme toujours en (re)formation et disparition », allant au seuil de l’audible.
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Durée : 2h plus entracte