Aristide Tarnagda Plaidoirie pour vendre le Congo

[Théâtre]

Après une bavure de l’armée, des citoyens d’un quartier populaire de Kinshasa doivent déterminer le montant de chaque indemnisation versée aux familles des victimes. Un débat caustique sur la situation socio-politique du Congo et le cynisme ambiant, subtilement mis en scène par Aristide Tarnagda.

Kinshasa. Trois femmes, douze hommes, se retrouvent pour une réunion peu habituelle. L’armée a commis une bavure et tué des supporters qui revenaient d’un match de foot, pensant qu’il s’agissait là d’une manifestation contre la hausse des prix. L’État indemnisera les familles des victimes mais c’est à ces quinze membres du comité de surveillance du quartier Masina Sans-Fil qu’il revient de déterminer le montant pour chacun. Combien pour un mort adulte ? Combien pour un mort dans le ventre de sa mère, pour un mort ayant un enfant dans le ventre, pour un fou, un sans avenir, un étudiant, un va-nu-pieds… ? Une situation ubuesque qui permet à Sinzo Aanza de décrire la situation socio-politique du Congo, pays exportateur de matières premières nécessaires à nos économies de consommation. Et de questionner ce qui fait le fondement d’une société. Son écriture caustique n’a pas son pareil pour dénoncer les compromissions des uns et des autres et y opposer les résistances poétiques à même d’offrir un autre monde. Avec Plaidoirie pour vendre le Congo, Aristide Tarnagda, directeur du festival Les Récréâtrales de Ouagadougou, donne à entendre avec force un rire salvateur. Un rire qui expulse le fiel et le laid des cœurs pour qu’adviennent le rêve et le beau.