Sorour Darabi Echelle Humaine - Farci.e

[Performance]

Les corps sont les vecteurs de cette nouvelle édition d’Échelle Humaine. Chorégraphiés, mis en scène, transformés, fantasmés, ils occupent tous les espaces de Lafayette Anticipations et nous invitent à observer ce dont le monde frémit : nos engouements et nos refus, nos tremblements et nos affirmations, nos ténacités.

Que peut être un discours sur l’identité et sur le genre s’il est formulé dans une langue qui assigne un genre aux mots eux-mêmes ? Telle est la question silencieuse que pose dans ce solo l’artiste iranien.ne Sorour Darabi. En farsi, sa langue maternelle, la langue dans laquelle il.elle a commencé à penser et à nommer les choses, il n’y a pas de genre, ni pour les objets, ni pour les idées. Le mot genre se dit« جسن†ی†ت » (jenssiat), qui signifie matière. Quand il s’applique aux objets, il désigne leur matérialité : le genre du mot table, c’est le bois, le métal, ou le mélaminé. Par analogie, pour Sorour, son genre, ce sont la peau, les muscles, les os, les vaisseaux. Mais alors, quel est le genre du mot genre lui-même ? Quelle est sa matière ? Comment penser dans une langue qui donne un genre aux idées ?
En français, un objet que l’on n’arrive pas à nommer devient «une chose». Dès lors, un corps que l’on n’arrive pas à genrer, est-ce une chose ? Mais une chose, en français, c’est féminin, non ? Toutes les choses sont-elles féminines ? Le mot féminin est masculin, pourtant.