Wolfgang Rihm  / Carlo Gesualdo

[Musique]

Le Festival d’Automne à Paris a appris le 8 septembre que l’Ensemble Vocal SWR avait reçu l’interdiction de voyager à Paris, zone rouge de la pandémie COVID-19, par les autorités sanitaires allemandes (Institut Robert Koch - Berlin). Si des restrictions au retour en Allemagne existent en provenance de zones dites « rouges », le Festival demeurait confiant quant à la bonne application des directives de l’Ambassade de France en Allemagne permettant de maintenir ce déplacement dans toutes les conditions de sécurité pour le chœur. Ce, d’autant que d’autres compagnies et ensembles allemands se produisent ces jours-ci à Paris : MusikFabrik, la Schaubühne de Berlin. Malheureusement, la direction générale de la Radio SWR du Bade-Würtemberg et ses services médicaux en ont décidé autrement. Nous le déplorons.
Le Festival d’Automne à Paris regrette de modifier le programme de ce concert, quelques jours seulement avant l’arrivée prévue des artistes, mais souhaite avant tout maintenir ce rendez-vous à l’Eglise Saint-Eustache. Les œuvres vocales de Wolfgang Rihm et de Carlo Gesualdo seront remplacées par de la musique de chambre de Wolfgang Rihm pour qui ce concert, à présent monographique, se veut un hommage et un signe d’amitié du Festival.
Nous remercions les musiciens de l’Ensemble L’Instant Donné d’avoir accepté de revoir le programme et d’ajouter des œuvres, et nous nous réjouissons de pouvoir vous accueillir ce mercredi 16 septembre dans toutes les conditions de sécurité sanitaire nécessaires pour les artistes et spectateurs de ce concert.

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Programme initialement prévu :

Après les Vigilia programmés en 2006, l’œuvre sacrée de Wolfgang Rihm est à écouter avec, cette fois, un jeu de miroir sur des textes de la Passion. Les harmonies audacieuses de Carlo Gesualdo répondent aux grappes sonores et aux lignes serrantes du compositeur allemand.

Toute une série d’œuvres de Wolfgang Rihm prend comme objet la ligne instrumentale, affranchie de tout système, se déployant librement dans l’espace pour former, comme dans Dyade pour violon et contrebasse et Über Die Linie VI pour flûte alto, violon et violoncelle, des arabesques qui jamais ne se coagulent en une ferme polyphonie. Avec Fetzen IV – « lambeaux » pour alto et un accordéon qui sonne comme l’écho d’un quatuor absent –, ces œuvres qui toujours suspendent le temps narratif, ici déployées dans un lieu sacré, suscitent peut-être dans nos imaginaires quelques rimes avec les entrelacs gothiques.
Dans Tenebrae, le compositeur reprend les sept motets sur des textes latins de la Passion qui composaient ses Vigilia pour chœur à six voix, cette fois-ci confrontés aux Répons pour la Semaine Sainte de Carlo Gesualdo (publiés en 1611). On entend ainsi deux mises en musique de ces textes, destinés à être chantés avant la résurrection de la lumière pascale. Un étrange répons s’instaure entre les poussées de fièvre chromatique qui gagnent la musique du compositeur de la Renaissance et l’harmonie comme hors temps de Rihm, où les voix hésitent, s’interrompent, forment des grappes sonores lumineuses ou retrouvent la tonalité de manière oblique, puis se libèrent à nouveau pour cheminer le long de textes qui disent l’obscurité, le doute et la souffrance.