François Gremaud Auréliens

[Théâtre]

L’acteur Aurélien (Patouillard) interprète la parole de l’astrophysicien et philosophe Aurélien (Barrau). En déplaçant le discours scientifique au corps de l’artiste, l’université au théâtre, le metteur en scène François Gremaud donne à percevoir par le sensible le drame écologique, cette urgence politique.

Aussitôt, il prévient : « Ça ne va pas être très drôle ». Lors de la conférence sur la nécessité d’agir pour notre planète donnée à l’Université de Lausanne en 2019, Aurélien Barrau alerte sur « l’extermination massive » du vivant, « la forme de fin du monde » à laquelle nous faisons face et le besoin de redéfinir la croissance que nous voulons. Admirateur de l’engagement et du langage poétique du scientifique, François Gremaud fait un essai en mettant sa pratique au service de ce propos. Autrement que pour Phèdre ! et Giselle… (toutes deux à l’affiche du Festival), il confie l’art subtil du décalage et la joie du partage à un interprète qui le bouleverse, en l’occurrence Aurélien Patouillard. C’est ainsi que, sur un plateau dénudé, l’acteur Aurélien, également physicien de formation, prête son corps sensible aux paroles sensées du brillant orateur qu’est l’autre Aurélien. Décalée, la gravité de l’alerte avère l’absurdité de la situation et permet possiblement au cœur de reconnaître ce que la raison peine à croire.