Elsa Dorlin Travailler la violence #2

[Conférence]

Durant ces deux journées de rencontres, la philosophe Elsa Dorlin poursuit le projet Travailler la violenceenclenché en 2021 au CN D à l'invitation de Gisèle Vienne, et en partenariat avec le Festival d’Automne.

Comment travailler la violence, la mettre en perspective, en scène et en récit ? Comment la mettre en pièces ? Comment en excaver l'histoire, au cœur de l'archive des vainqueurs  en restituer l'historicité  jusque dans ses manifestations actuelles, sans cesse déniées ? Comment en saisir la logique patriarcale, arrimée au langage, aux imaginaires qui brouillent nos sens, nos désirs et nos concepts  comment défendre nos corps et nos vies ? Dans l'atmosphère crépusculaire du néolibéralisme, saturée de colonialité, comment résister face à une violence qui brutalise, dévaste et assassine les sans-droits et les vies de rien, les peuples, les communs et communautés de vie ? Comment la pointer du doigt avant qu'elle ne nous vise, quand elle se dérobe derrière des écrans de fumée et de gaz, des Etats de droits et d'ordre, des murs érigés, des dividendes et des dispositifs d'innocentement, pour mieux épargner le système qu'elle perpétue et la classe qu'elle fait vivre grassement ? Ce séminaire #2, est pensé comme une prise de parole et de position. Il est un espace/temps de réflexions, un collectif de voix, qui s'échauffent, s'entraînent et comptent leurs outils critiques et leurs armes, honorent leurs mortes et leurs morts et la mémoire des luttes, défient l'oubli. Éveillée, éclairée à la lumière des soulèvements présents, chacune des voix qui y seront portées travaille sur la violence néolibérale quotidienne ou crasse comme sur les modalités de résistance et de survie, d'échappées, de rage et de refus buté, d'autodéfense, de sabotage et de grève. Avec différentes bibliothèques, différents savoir-faire et engagements, comme un hommage aux chœurs politiques qui tonnent la pulsation des fulgurances insurrectionnelles, scandent le chant des soulèvements révolutionnaires, nous entrons, ici, de plain-pied dans la danse.