Olga Neuwirth The Outcast
hommage à Herman Melville

[Musique]

Dans The Outcast (Le Paria) d’Olga Neuwirth, d’après Moby Dick de Herman Melville, la mer miroite de multiples couleurs et se teinte du sang de l’homme ou de l’animal. Elle est un lieu d’utopie, ouvert, presque illimité, mais où adviennent aussi les catastrophes de notre temps : l’irrépressible profit et le désastre écologique.

Mêlant théâtre, musique et séquences vidéo contrepointant l’action et stylisant lieux et objets, The Outcast revisite Moby Dick (1851) : le personnage d’un vieux Melville y délivre ses monologues sur l’écriture, la nature, le destin ou Dieu. En regard, le charismatique capitaine Achab entraîne l’équipage du Pequod dans sa folle et délétère quête de la baleine blanche. Symbole d’une démocratie encore hésitante, cet équipage, d’abord soucieux d’égalité, se trouve peu à peu aliéné. Pourtant chez ses membres solitaires et dans les voix du chœur d’enfants, vibrent encore l’accueil de l’inconnu, la compassion et l’espoir. L’injustice, la discrimination, la cupidité et l’exploitation éhontée des ressources naturelles participent d’une chronique faite de violence et de deuil, dont seul le narrateur, Ismaël, alter ego de Melville, sortira vivant.De ce misanthrope, Olga Neuwirth fait une femme, Ismaëla, cette autre exclue, au XIXe siècle, du travail sur les navires. Une ambivalence, une hétérogénéité, à l’image d’un roman fascinant.