Olga Neuwirth
György Ligeti
Gustav Mahler

[Musique]

Un voyage à travers les âges et les régions d’Europe centrale : Gustav Mahler, György Ligeti et Olga Neuwirth ­– pour la création française longtemps attendue de Masaot –, sont autant de musiciens de l’hétérogène, où les souvenirs de traditions écrites, comme de répertoires populaires, dialoguent sans souci d’exclusive.

À sa mort, Gustav Mahler (1860-1911) laissa inachevée sa Dixième Symphonie, à l’exception de l’« Adagio » initial. Une crise, dont le manuscrit de cette œuvre porte des traces sublimement douloureuses, l’avait incité à consulter Freud. Celui-ci écrira de leur rencontre : « Ce fut comme si on avait creusé une profonde et unique tranchée à travers un édifice énigmatique. » Pour le centième anniversaire de sa mort, Olga Neuwirth reçut une commande, qu’elle ne put d’abord honorer en raison de ses engagements, mais à laquelle elle ne cessa de penser : Masaot, voyage ou histoire en hébreu, en hommage à la judéité de Mahler. Dans cette méditation sur la dissolution du temps et de la mémoire, le bassin du Danube d’un grand-père jamais connu devient carrousel de chants, terre d’une identité impossible, paysages d’héritages multiples. Parmi ces œuvres, les virtuoses, spirituels et pleins d’ironie Mysteries of the Macabre de György Ligeti (1923-2006), ainsi que son Concerto pour violon qui accumule les influences et les lient en un tout organique : géométrie fractale, polyphonies et polyrythmies du Sud-Est asiatique ou d’Afrique subsaharienne, techniques empruntées au Moyen Âge de Guillaume de Machaut…