George Benjamin Lessons in Love and Violence

[Musique]

1594 : Christophe Marlowe publie Édouard II, pièce majeure du théâtre élisabéthain. Quatre siècles plus tard, George Benjamin collabore une troisième fois avec Martin Crimp, déjà auteur de Into the Little Hill et Written on Skin, pour un opéra qui s’en inspire. Tout amour y apparaît comme une transgression des obligations que dicte l’État.

Lessons in Love and Violence reprend la chronique historique et en dévoile la modernité dans un drame intimiste et implacable, âpre, et aux splendides tensions du verbe et du son : la liaison d’Édouard II, roi d’Angleterre, avec le chevalier gascon Pierre Gaveston, dans un pays miséreux, lui aliène son épouse Isabel et ses enfants, au point de le contraindre à abdiquer. Bannissement, manipulation, trahison, arrestation, meurtre. « Tuer est un art, non une joie », chante Mortimer, froid et ambitieux conseiller. La scène se fait miroir des violences du monde. Édouard II, qui n’a suivi que son désir, meurt du « poison » que serait l’amour. Cette passion, peu importe le sexe du partenaire, dérègle les sens et la raison, rendant la décision du souverain malavisée, sinon indifférente à la révolte grondante. Telles sont les « leçons » évoquées dans le titre et qu’apprennent, au cours des sept scènes en arche, et à leurs dépens, les personnages. Avec un art absolu du détail, de la forme, de son déploiement et de la couleur instrumentale, la musique de George Benjamin contribue magistralement au drame, et est aussi théâtre.