Liza Lim
Enno Poppe

Musicien de la cellule et de l’arborescence, Enno Poppe vivifie dans Blumen (Fleurs) les modélisations de la croissance botanique, entre calices et corolles. En regard, Liza Lim évoque quelques figures animales, des dragons chinois ou des pigeons qui, chez Djalâl ad-Dîn Rûmî, volent dans une région mystérieuse et mangent d’insaisissables graines.

Avec tendresse, ou de la maille rugueuse, Liza Lim tisse les cultures et les sons. Si Spirit Weapons s’inspire d’une hallebarde chinoise à trois lames, portant l’emblème d’un dragon double enlacé autour d’un axe, lointaine déclinaison du caducée d’Hermès, The Tailor of Time emprunte son titre et ses thèmes au poète, théologien et mystique persan Djalâl ad-Dîn Rûmî : la flûte et le souffle divin ; le luth symbolisant les cordes, pleines de désir, de l’Amant ; les nœuds et les plis, mais aussi les déchirures et les failles du temps, ce tailleur qui rend le monde sans cesse transitoire. « Notre pain quotidien est aussi abondant parce que la couture du vêtement (de notre existence corporelle) consiste à le mettre en pièces », écrivait Rûmî dans son recueil Mathnawî. Enno Poppe livre également sa dernière création, Blumen, formée de plusieurs miniatures. Après l’huile, le sel, le bois, l’or, l’étoffe ou le verre, une nouvelle matière pour titre, et un mot seul, ouvre la logique, voire l’algorithme de l’œuvre. Ce sont ici les fleurs et leur vie organique.