Pierre-Yves Macé
Alessandro Bosetti
Luciano Berio
Sardane

[Musique]

Cerbère, à quelques encablures de Portbou où Walter Benjamin se donna la mort, connut au début du XXe siècle la prospérité par sa gare. Y transitaient, jusqu’à la Guerre d’Espagne, quantité de villégiateurs. Ce concert en exalte les traditions populaires, les voies d’accès vers la Catalogne et les témoignages sonores de la ville et de celles et ceux qui y vivent.

Inauguré en 1932, l’hôtel du Belvédère du Rayon vert à Cerbère est la première construction en béton armée. L’architecte Léon Baille l’édifia sur le modèle des paquebots de l’époque. Cet édifice donne son titre aux Variations Belvédère de Pierre-Yves Macé, où se mêlent sardanes et contrapàs, certaines des Cançons i danses de Frederic Mompou, un vieil enregistrement de La Santa Espina (interdite par Franco, car devenue hymne antifasciste), ainsi qu’une musique documentaire engendrée par la voix parlée d’une habitante évoquant l’histoire du village de Cerbère, et notamment sa place centrale, lieu de danse. Alessandro Bosetti explore également la sardane, à travers des voix enregistrées, y compris les voix de ceux avec qui il a appris cette danse, mais aussi sa dimension musicale, le comptage des temps de l’ensemble instrumental, la cobla, d’où se déduisent les pas, longs ou courts. En préambule à ces deux créations, avec lesquelles elle partage une même attention aux cultures méditerranéennes, la pièce Naturale de Luciano Berio transcrit, analyse et déconstruit berceuses et chants de travail ou d’amour de diverses régions siciliennes – entre danse et musique, encore, et avec la voix enregistrée dès 1968 de Peppino Celano, exaltant les chants de marchés.