Midori Kurata
akakilike
Portrait de famille

[Danse]

Autour d’une table à manger, intemporelle métaphore de l’organisation d’un foyer, se dresse, branle et évolue un troublant portrait de famille. L’œuvre-phare de Midori Kurata nous transporte quelque part entre le polar chorégraphié et le théâtre musical grinçant.

Avec cynisme et provocation, un père expose aux membres de sa famille ce dont ils pourront jouir lors de sa mort, du fait de son excellente assurance-vie. En réponse, le silence de plomb de l’épouse et des enfants accentue la cruauté de son discours, suggérant en creux que toute parole leur est interdite. D’emblée, ce trou d’air ouvre tous les possibles à l’imaginaire du public qui, au fil de la pièce, se projette dans l’espace mental et émotionnel de chacun des protagonistes. Incarnée par des interprètes d’une énergie remarquable, l’écriture chorégraphique de Midori Kurata réunit avec audace des techniques éclectiques de la danse, s’en référant ici au ballet classique, tutoyant là l’équilibrisme et le théâtre d’objets. Parmi d’étourdissantes ruptures de rythme, la danse chemine entre la tendresse féérique d’un Casse-Noisette, les arrêts sur image pour les pauses photographiques en famille et la dimension quasi surnaturelle qu’attise le texte. Une atmosphère à la Festen, dans un délicieux et mystérieux puzzle d’arts vivants et plastiques.