Casa do Povo
Créée en 1946 dans le quartier de Bom Retiro à São Paulo par une constellation d’associations juives antifascistes, la Casa do Povo s’est construite à la fois comme un centre culturel et un lieu dédié au souvenir des morts de la Shoah. Le « plus jamais ça » y a pris la forme d’un projet militant, un lieu ouvert à l’altérité radicale, à l’urgence des luttes contemporaines, aux minorités, aux alternatives. Au fil des décennies, des activités très différentes y ont été déployées : une chorale yiddish, une école constructiviste, un journal engagé, un théâtre expérimental et populaire. Pendant la période de la dictature militaire au Brésil (1964-1985), la Casa do Povo a naturellement été le lieu de toutes les résistances et avant-gardes.
Depuis le début des années 2010, cette maison du peuple (traduction littérale de Casa do Povo) s’est réinventée, en fidélité à une ligne politique antifasciste et un mode de fonctionnement fluide qui induit des pratiques bien différentes de celles souvent associées aux centres d’art. Les œuvres commissionnées et les programmes – notamment pédagogiques – développés par la Casa do Povo coexistent avec l’usage qu’une vingtaine de collectifs associés ont du lieu : académie de boxe populaire, studio d’imprimerie, clinique de psychanalyse, coopérative de mode ou chorales. Peu importe qu’elles y aient une activité professionnelle ou amateur, sociale, artistique ou culturelle : ces distinctions n’opèrent pas ici. Elles disposent des clés du lieu, participent à sa gestion et à sa programmation.
« Nous voulons pouvoir accueillir le monde sans l’engloutir, être un lieu flexible sans être précaire, poreux sans être dilué, ouvert tout en étant cohérent. »
Lire l'entretien Faire surgir l'imprévu avec Benjamin Serroussi
Cet automne