Jérôme Deschamps La Veillée

[Théâtre]

Intéressons-nous de plus près à ce petit être fragile, mal connu, qui hante nos régions temperées sous l'appellation d'animateur socioculturel.
Généralement de taille moyenne, le regard sans éclat particulier, rarement glabre, il est le plus souvent paré d'un collier de barbe et chaussé de lunettes dont une branche peut porter un tricosteril réparateur. Sa pipe est ornée d'une tête de marin sculptée. Se nourrissant essentiellement de buffets campagnards en soirées crêpes, de pizzas, de fondues savoyardes, l'ASC n'utilise que du sucre de gauche, appelé plus couramment sucre brun non raffiné. Dans son domicile tapissé de toile de jute, il aime à s'entourer d'objets simples et naturels : abat-jour en laine non cardée, tapis en peau de chèvre, macramé, bougies artisanales, faisant ainsi la démonstration d'une imagination et d'une invention très personnelles. Pendant la saison froide, il se réfugie volontiers dans le labo-photo ou le coin poterie, se niche dans les colloques, les carrefours gars-filles sur l'amour-amitié, surveille les raquettes de ping-pong et la roneo, et -vachement essentiel- il a la garde du trousseau de clés du local. Dès le premier rayon de soleil, il s'ébroue et se décontracte : on le voit alors chaussé de spartiates et vêtu d'une chemise indienne aux couleurs douces (violet) acquise boulevard Saint-Michel, en face de la MNEF. Il conservera cette tenue tard dans la saison, c'est-à-dire jusqu'à la fête de l'huma, qu'il critique beaucoup et ne manque jamais.