Alfredo Arias La Locandiera

[Théâtre]

Dans ses mémoires publiées à Paris en 1787, Goldoni se présente comme "un homme singulier qui a visé à la réforme du théâtre de son pays, qui a mis sur la scène et sous la presse 150 comédies soit en vers, soit en prose, tant de caractère que d'intrigue".
Il a remplacé peu à peu les vieux "canevas" proposés à l'improvisation des acteurs par un texte entièrement écrit ; il s'est débarrassé, par un souci réaliste, des masques traditionnels.
Le postulat de Goldoni, c'est le refus de "l'inconscient", son instrument essentiel est l'humour, la capacité de situer et de mettre à l'épreuve un personnage dans ses relations avec les autres. Le sondage minutieux des tics, des petites manies, des mensonges improvisés, des comédies innocentes se révèle un moyen inépuisable aussi bien d'exploration psychologique que de définition sociale.
La leçon qui en découle est que la réalité est faite à tout moment par l'homme tout autant qu'elle le fait, que nous en sommes donc responsables.
Ainsi la structure même du langage comique coïncide, chez Goldoni, avec une moralité intégralement laïque : il s'agit d'une connaissance nouvelle de l'homme, élaborée par l'observation du comportement des hommes en société.
Ainsi Goldoni a-t-il été appelé, à juste titre, le Galilée de la littérature italienne moderne.

Mario Barato
Traduction de Ginette Berry