Peter Stein Drei Schwestern

Les trois sœurs

[Théâtre]

Il existe des pièces (mauvaises comédies, mélodrames, mauvais vaudevilles, farces), où l'intrigue est le nerf principal du spectacle. Dans ces oeuvres, le fait même d'un meurtre, d'une mort, d'une noce, le fait de renverser de la farine, de jeter de l' eau à la tête de quelqu'un, la disparition d'un pantalon, l'arrivée par erreur dans un appartement où l'on prend le paisible visiteur pour un bandit, sont les facteurs essentiels, les principes fondamentaux du spectacle. De tels faits ne nécessitent pas une appréciation - ils sont immédiatement perceptibles et perçus par tout le monde. Mais il y a des oeuvres où l'intrigue et ses péripéties n'ont pas une grande importance. Elles ne peuvent constituer le ligne directive d'un spectacle que le spectateur suit avec un battement de coeur. Dans de telles pièces, ce ne sont pas les faits, c'est le point de vue des personnages sur ces faits, qui devient le centre, le sens du spectacle. Dans de telles pièces, les faits sont nécessaires dans la mesure où ils se prêtent à recevoir un contenu. Dans de telles pièces, les faits et l'intrigue qu'ils constituent ne sont que la forme dans laquelle est versé le contenu. Telles sont, par exemple, les pièces de Tchékhov.

Konstantin S. Stanislavski, in édition La Pléiade.