Ernst Lübitsch / Chantal Akermann / Rebecca Horn / Kar Wai Wong / Hsiao Hsien Hou / Yimou Zhang / Chen Kaige / Edward Yang Ernst Lubitsch / Chantal Akerman / Rebecca Horn / Cinéastes chinois d'aujourd'hui

[Cinéma]

Il y a une dizaine d'années, quand l'occasion se présentait de faire allusion aux cinématographies de Chine, de Taïwan ou de Hong Kong, il était pratiquement inévitable de recueillir une réaction d'incrédulité, d'incompréhension,voire d'indifférence abyssale (malgré un numéro spécial des Cahiers sur Hong Kong, dès 1984). Aujourd'hui, grâce à quelques prix recueillis sur le devant de la scène internationale et surtout à l'effort considérable de quelques passeurs (comme Olivier Assayas par exemple, qui écrit ici-même sur Edward Yang), nul n'ignore plus les films de Zhang Yimou ou de Chen Kaige, beaucoup ont vu Chungking Express de Wong Kar-wai, les plus en avance connaissent même Hou Hsiao-hsien et son Maître de marionnettes. Si le degré de (re)connaissance de ces films a évolué, c'est que les cinéastes eux-mêmes se sont affirmés, que leur trait s'est fait plus net, plus précis, que les générations commencent à se renouveler et qu'on s'aperçoit en définitive que l'horizon du cinéma, son point de modernité si l'on veut, se situe sans oute quelque part dans cette région du monde. En dix ans, il s'est donc passé beaucoup de choses. A Taïwan, une Nouvelle vague a émergé vers 1984, avec Edward Yang et Hou Hsiao-hsien comme chefs de file. Aujourd'hui, une deuxième génération s'impose avec Hou Hsiao-ming (L'Ile du chagrin, vu à Cannes cette année) et Tsai Ming-liang (Vive l'amour). A Hong-Kong, à côté du cinéma des studios, le style très personnel d'indépendants comme Stanley Kwan (encore pratiquement inconnu) ou Wong Kar-wai s'est révélé. Quant à la Chine Populaire, malgré les difficultés politiques persistantes, elle a tout de même laissé s'épanouir le cinéma de Chen Kaige ou de Zhang Yimou et n'empêche pas vraiment l'éclosion de celui de jeunes auteurs comme Zhang Yuan et Ning Ying (seule femme de cette programmation) ou celui de Jiang Wen, célèbre acteur chinois auteur d'un seul film, Des jours éblouissants. Cette programmation ambitieuse, conjointement organisée par les Cahiers du cinéma et le Festival d'Automne, nous donnera donc l'occasion unique de jeter un regard panoramique sur tous ces auteurs, un regard à la fois rétrospectif et prospectif qui permettra d'évaluer la singularité des démarches et leur résonance avec la part la plus inventive du cinéma mondial. Elle nous fera aussi rencontrer des cinéastes importants Chen Kaige, Edward Yang, Hou Hsiao-hsien, Stanley Kwan et quelques autres et une célèbre actrice de Hong Kong, Maggie Cheung, admirable chez Wong Kar-wai et Stanley Kwan, tous exceptionnellement présents à Paris pendant cette quinzaine (29 novembre12 décembre). Cette programmation suscitera enfin, dans la belle salle de l'UGC Ciné-Cité au Forum des Halles, des découvertes de films inédits ou peu connus dont beaucoup sont des oeuvres majeures du cinéma contemporain (par exemple, le magnifique Nos années sauvages de Wong Kar-wai, qui fait l'ouverture de cette manifestation et la couverture de ce programme). Révélation, découverte, nouveauté, tels sont les mots clés de cette quinzaine. Avis aux amateurs.., de géographie, et surtout de cinéma.
Thierry Jousse