Stéphane Braunschweig Measure for Measure

[Théâtre]

"Voici des personnages qui foncent droit dans le mur. C'est le mur au fond du théâtre. Ils courent à leur perte, et Shakespeare ne les retient pas..." La lecture effectuée par Stéphane Braunschweig de Mesure pour Mesure, comme de tous les grands classiques dont il aime s'emparer (Ajax, La Cerisaie, Peer Gynt, l'an dernier) détourne d'emblée l'analyse intellectuelle pour se traduire en images, en gestes aussi précis et concrets que l'a été son approche préalable du mot à mot du texte. Car s'il met en scène, Braunschweig est également scénographe. Son accès au théâtre se fait par cette double entrée. Ses deux rôles se conjuguent, sans pléonasmes. Les images que lui inspirent les vers et la prose de Shakespeare, dans cette comédie très noire sur l'hypocrisie du pouvoir, circulent ainsi autour du texte comme un contrepoint musical, suggèrent le non-dit, matérialisent l'imprononçable. Il suffit parfois d'un accessoire, comme le bandeau noir que portent les acteurs, pour donner à voir l'humanité selon Shakespeare : éblouie par de vains principes, aveugle à ses désirs.