György Kurtág Les dits de Peter Bornemisza / Hölderlin Gesänge..

[Musique]

" Toujours, Kurtag choisit ce qui est minimaliste et romantique. La poétique des petites formes , le caractère aphoristique, l'apesanteur et en même temps un grand poids. Dire sans tout dire, effleurer mais ne pas rompre, pénétrer mais ne pas trahir. Chaque ligne est un jeu — un jeu qui ne s'achève pas. Chaque ligne est un soupir.  Et dans ce soupir, il y a la vie. Et le romantisme. Pas un romantisme fier, élevé, mais le romantisme du lointain, de l'inaccessible, le romantisme qui vient et qui repart, qui emporte et ne satisfait jamais. " ( Rimma Dalos, György Kurtag, Contrechamps,1990).
Entre une forme et un destin, les fragments de Peter Bornemisza, Samuel Beckett ou Friedrich Hölderlin mis en musique par György Kurtag retiennent l'inachèvement de la miniature dans l'aura nostalgique du verbe.
Ecrivain et prédicateur hongrois du XVIème siècle, Peter Bornemisza entretint une vision apocalyptique de l'humanité. Doutes, craintes et espoirs du pécheur vivant dans l'incessant voisinage de la peste, de la mort et de la persécution religieuse inspirèrent à Kurtag Les Dits de Peter Bornemisza, concerto pour soprano et piano où passent lamentations funèbres, formes du chant populaire et réminiscences du lied romantique.
Après What is the word, l'oeuvre de Kurtag croise à nouveau le nom de Samuel Beckett. Univers où chaque mot s'extrait du silence, au " fin fond du néant ", les mirlitonnades et autres poèmes suggèrent, dans leur presque rien, une multitude de citations, de paraphrases et d'hommages musicaux, qui sont autant d'objets trouvés ou volés.
Ecrits pour baryton solo, les Hölderlin Gesänge, dans la simplicité diaphane de leurs lignes vocales, ignorent l'accompagnement traditionnel du piano. Musique de l'érosion, tout entiere dans la nudité et l'intensite du son raréfié, le chant lit à haute voix les vers d'une autre figure solitaire, exigeante et inquiète.