Salvatore Sciarrino Cycle Salvatore Sciarrino / Luci mie traditrici

[Musique]

Né in palerme en 1947, Salvatore Sciarrino évoque dans son art les fascinants croisements de la civilisation sicilienne, lointains souvenirs, sur la terre d'Empédocle, des cultures grecque, romaine, byzantine, arabe, normande, espagnole... Sa musique secrète, subtile mais tendue, éminemment dramatique, traduit avec une rare lucidité l'intensité des sentiments : univers mythologique revisité sur les traces de Jules Laforgue (Persée et Andromède) : tragédie de Cicognini redécouverte au XXème siècle dans l'inventaire officiel des livres interdits du Vatican où affleurent le stupre et la coercition, la trahison et le châtiment (Luci mie traditrici) ; évocation du tragique destin de Gesualdo adoptant le code chevaleresque, et dont le marionnettiste et conteur sicilien, Mimmo Cuticchio, avec ses pupi siciliani, nous révèle les aspects héroïques, pathétiques ou burlesques (Terrible et effroyable histoire du prince de Venosa et de la belle Maria) ; extase mystique où le diable avoisine dieu dans les visions angoissantes de Maria Maddalena de' Pazzi (Infinito Nero).
Volontiers ironique, fasciné par le réalisme et les illusions du son (Efebo con radio), l'art de sciarrino connaît aussi la nature, musique à l'écoute vive et exacerbée, de pierre et de vent, musique animale, imitant le bruit d'un galet concassé, le cri d'un grillon, mais aussi les éléments fondamentaux, et l'eau, déclinée sous ses formes marines, scrutant l'horizon à la recherche de l'inouï.

Laurent feneyrou