Gérard Garouste Les Saintes Ellipses

[Arts Plastiques / Performance]

Comment peut-on être peintre? À l’heure où les nouveaux média ne cessent d’étendre leur territoire, Gérard Garouste interroge une pratique qui,
parvenue au terme de son développement,  exclut toute possibilité de
renouvellement formel. Sa réponse est une quête à travers la littérature et les grands mythes pour saisir une matière toujours fuyante, une origine qui se dérobe sans fin. Tel est, aujourd’hui, le défi lancé au peintre : oublier la forme pour se confronter au sujet.
Volontiers énigmatique, l’œuvre de Gérard Garouste, qu’il qualifie lui même d’introvertie, veut renouer un lien vivant avec la mémoire en induisant le retour vers les sources écrites et l’idée d’intemporalité dans un monde marqué par la prolifération des images et la dramatisation du temps.
L’installation qu’il réalise pour la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière tire son origine de la coupole sous laquelle elle est placée et d’une fiction écrite par Laurent Buzine à la demande de l’artiste. De la première elle simule l’effondrement, de la seconde elle feint l’illustration. Tout ici est basé sur l’inverse : le zénith est au nadir, l’octogone sur lequel repose la voûte céleste se transforme en un cône ellipsoïdal qui tend vers la terre. Le sacré laisse la parole au profane. Le multiple se transforme en un. Dans les miroirs la réalité s’inverse. Les Saintes Ellipses jouent de l’interprétation d’une errance comme métaphore de l’accession à la connaissance et du processus de mémorisation collective. La lecture d’un texte comme de toute œuvre est un dialogue. À mesure que l’œil accumule les détails, le spectateur fait le chemin qui mène vers un point où l’on arrive jamais car le but et le point de départ ne font qu’un, comme un serpent qui se mord la queue. Chercher la femme c’est chercher l’origine. Mais cette femme reste introuvable. Seul importe ce qui fait courir, ce qui attise la curiosité et met en marche l’imagination.
Hortense Lyon