Frédéric Fisbach, Brian Ferneyhough Shadowtime

[Musique]

Longtemps attendu, Shadowtime (ombres et temps), le premier opéra de Brian Ferneyhough, ici en création française, prend pour point de départ  la fuite et le suicide du philosophe et écrivain Walter Benjamin.
En sept scènes, Ferneyhough développe une oeuvre qui mène au coeur de l’intériorité : celle de la philosophie de Benjamin, celle de la modernité, celle de la culture occidentale. Charles Bernstein, écrivain, théoricien et représentant du courant poétique language, en a écrit le livret. Constitué de constellations de poèmes indépendants développés comme un matériau expressif, constructif ou symbolique, ce livret est en partie fondé sur des textes de Walter Benjamin et de philosophes et écrivains qui lui étaient proches. Chaque scène possède son propre caractère dramaturgique, sa structure temporelle, son identité sonore, sa forme musicale.
L’auto-détermination et le droit à l’individualité font l’objet d’un questionnement et d’un examen esthétique. La forme hermétique du temps est brisée, elle s’ouvre.
L’opéra comme forme totale et éclatée, onirique et réflexive, où se joue le destin tragique du philosophe Walter Benjamin. Non pas un parcours narratif ou la représentation d’une histoire individuelle, mais un tissu serré de pensées, de formes, d’affects et de rêves à travers les voix multiples d’un chœur et d’un ensemble instrumental, qui serait allégorie de notre situation présente.