Sylvain Creuzevault Baal

[Théâtre]

Baal bouffe ! Baal danse !! Baal se transfigure !!, tel était à l’origine le titre choisi par le jeune Brecht – la pièce est de 1918 –, et son héros, tout comme son auteur d’alors, n’avaient guère plus d’années que le siècle nouveau n’en avait soufflées.
Du dieu païen auquel il emprunte son nom, le héros de Brecht a la sauvagerie et l’appétit de vie et de sexe.
Dans le Baal de Brecht, la poésie et l’irrévérence coulent au même tonneau que le vin, et, de lit d’amour en mansardes, de cabarets en scandales, « le poète lyrique », « associal dans une société associale », promène sa vie de débauche et malmène le bourgeois, et l’amour et la mort.
Charge violente contre un monde qui « ne reconnaît d’intérêt à une activité créatrice que dans la mesure où il est possible, non de l’utiliser mais de l’exploiter », Baal, au dire même de Brecht, « date de l’époque qui montera cette pièce ».
Il datera donc de la nôtre et Sylvain Creuzevault entend le faire énergiquement savoir.
« On a assassiné Baal afin de convenir.
C’est la vie d’un homme : Baal.
Baal veut séduire des filles et des mecs sur le plateau et dans la salle. Le Tout-Paris et ailleurs. Il voudrait bien traîner les cadavres après les avoir pris. Baal rigole avec ses dents. Baal chante.
Comme un animal avant tout. »
La nouvelle traduction du texte, établie par Eloi Recoing, espère mettre à jour ce qui fit scandale à sa parution.
Une tentative d’atteindre « une harmonie brutale entre la scène et la salle, entre l’acte de représentation et le représenté. Un choc entre les temps et les espaces. »

Baal est la sixième création de la compagnie D’ores et déjà, fondée en 2002 par Sylvain Creuzevault, Louis Garrel, Arthur Iguaz et Damien Mongin.