Julie Nioche Nos solitudes

[Danse]

Nos solitudes : un corps seul accordé au pluriel ; une silhouette suspendue suggérant les textures, les couleurs, les silences de ces déserts qui nous peuplent. Reliée à un dispositif de filins et de poids, Julie Nioche s’élève, plane, retombe. La constellation mouvante qui la soutient laisse apercevoir le dessin des gestes, la formation des équilibres. Dans ce jeu complexe de liberté et de contrainte, de fragilité et de maîtrise, l’identité se révèle tissu multiple formé d’une myriade de points. Rien de magique ou de spectaculaire dans ce voyage en apesanteur – mais la tension des devenirs intérieurs : la joie, la matérialité de l’espace. Comme en écho, les cordes du guitariste Alexandre Meyer se tendent et résonnent en un dialogue onirique. Le regard se projette dans cette toile, s’y meut, s’y repose, et joint sa solitude à la leur. 
Une robe en papier, un filet d’eau, des fils reliés à des poids : objets simples, réseaux de signes faisant bordure entre le corps, l’espace et le regard. Le travail de la chorégraphe Julie Nioche s’organise souvent autour d’une métaphore : prolongation sensible des questions qu’elle traite, image d’une liaison entre la construction de l’identité et l’environnement qui nous touche et nous transforme. Au sein de l’association A.I.M.E., elle initie des projets où danse, pédagogie et engagement dans l’espace social s’entrelacent. Que ce soit avec Sisyphe, ou Matter, le soin et l’invention de soi sont toujours liés, donnant lieu à des variations, en fonction du lieu et des individus qui s’y impliquent.