Angélica Liddell Todo el cielo sobre la tierra. (El síndrome de Wendy)

[Théâtre]

Dans Peter Pan, le roman de James Barrie, les enfants perdus de Neverland accueillent Wendy comme la mère qu’ils attendaient depuis longtemps.
Dans Todo el cielo sobre la tierra. (El síndrome de Wendy), en revanche, Wendy hurle sa haine des mères, la sienne et toutes les autres.
Telle est la vision qu’Angélica Liddell nous propose du « syndrome de Wendy », qui fait écho à celui de Peter Pan, le jeune garçon qui refuse de devenir adulte. Wendy l’a
suivi sur une terre où les enfants ne grandiront pas : l’île norvégienne d’Utøya, où le 22 juillet 2011 soixante-neuf jeunes gens périrent sous les balles d’Anders Breivik.
Angélica Liddell ne prétend nullement se livrer à une reconstitution des faits ; elle imagine Utoya comme le lieu où Peter Pan a pu concrétiser son rêve de jeunesse éternelle.
« Quand je pense à Utoya, je ne pense ni à la douleur, ni à l’horreur, je pense à tous ces jeunes que j’aurais aimés et qui ne m’auraient jamais aimée. »
Wendy nourrit une obsession : la peur d’être abandonnée. Assumant la solitude, elle s’expatrie, s’en va pour Shanghai, pour connaître « le soulagement d’être étrangère », pour « sentir tout le ciel au-dessus de la terre ».
Sur la scène, son île, Angélica Liddell s’entoure des comédiens qui l’ont accompagnée dans ses précédents spectacles, Lola Jiménez, Fabián Augusto Gómez Bohórquez et Sindo Puche, rejoints par des musiciens et des danseurs évoluant au rythme des valses du compositeur coréen Cho Young Wuk.
La musique, en effet, « va bien plus loin que les mots. Elle dit la vérité. »