Richard Maxwell The Evening

[Théâtre]

Librement inspiré de L’Enfer de Dante, The Evening nous emporte dans un voyage initiatique et hypnotique vers la rédemption. La pièce met en scène un pratiquant de free fight en convalescence, son agent corrompu et une serveuse et prostituée nommée Béatrice, muse involontaire de ce triangle dramatique. Le décor n’est pas celui, mythique, de l’Enfer ou du Purgatoire, mais un bar ordinaire dans un coin perdu de l’Amérique. Une scène aussi familière qu’énigmatique, où les trois personnages incarnent autant d’attitudes face à la vie – la fuite, la lutte ou la résignation. Dans cette œuvre élégiaque et musicale, le monde est un bar de loosers, illuminé par une Béatrice prise entre deux réalités, suffoquée par ses rêves. Un groupe de rock intervient, le temps de quelques chansons, comme un chœur révélant les passions cachées des personnages. Depuis le premier succès des New York City Players, House, en 1998, jusqu’à l’odyssée joycienne de Neutral Hero présenté au Festival d’Automne en 2012, Richard Maxwell trace la voie d’un théâtre expérimental, épuré, d’une féroce acuité, qui puise, depuis sa dernière pièce Isolde, son inspiration dans la littérature. The Evening est une ode aux vies perdues, révélant au cœur de scénarios ordinaires des émotions rien moins que vitales. Une ombre parcourt la scène – celle du père de Maxwell décédé pendant l’écriture de la pièce et qui lui a donné toute sa portée, l’amenant du deuil vers un nouveau saut vers l’inconnu. Toute fin est aussi un commencement.