Claude Vivier
Alban Berg
Pascal Dusapin
Gustav Mahler

[Musique]

Quatre pages symphoniques pour traverser le XXe siècle : des derniers feux du romantisme chez Alban Berg aux incises et pliures telluriques de Pascal Dusapin, de l’œuvre ultime, inachevée, de Gustav Mahler, avec ses accents d’une tonalité en ruines, à l’éternel retour chez Claude Vivier, cherchant dans l’ordonnancement des cieux un espace à la mesure de son imagination.

Entre 1905 et 1908, Berg compose sept lieder. Bien plus tard, en 1928, il les ordonne en cycle, non chronologique, et les orchestre. Romantisme, impressionnisme, violence et noblesse s’y côtoient en des vers énonçant l’amour, la beauté et la paix de la nature. L’orchestration, mahlérienne, préserve leur saveur d’origine, en épouse le corps et en révèle l’authenticité.
Dans Orion, Vivier représente la constellation située sur l’équateur céleste par le déploiement d’une ample mélodie cuivrée. L’œuvre l’expose, la développe, médite sur elle, s’en souvient, avant, pour conclure, de la dédoubler. Alors le temps se fait espace : « J’ai l’impression de piétiner dans un avion ; je reste sur place, et pourtant, je vais du Caire à Kuala Lumpur. »
De son Solo pour orchestre n°3, Pascal Dusapin rappelle le sens du titre, court, dont il a le secret : Apex dénote la pointe, la plume du casque des soldats romains, et désormais l’apex cardiaque ou sismique. Sa composition, architecturale, faite de masses, de blocs et de volumes, traduit l’incisif, la convulsion, la turbulence, où l’orchestre est personnage unique, seul soliste.
Refermant l’arche du concert, l’Adagio de la Dixième Symphonie de Mahler ne dissimule pas sa reconnaissance envers Bruckner et témoigne d’une extraordinaire palette : de la ligne initiale, austère, sinueuse et comme immobile, des seuls altos, à une dissonance extrême, catastrophe d’un monde en crise et promis à l’effondrement, que la coda apaisée, sereine, finit par accepter.

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Durée : 1h25 plus entracte