El Conde de Torrefiel La Plaza

[Théâtre]

Dans son dernier spectacle, El Conde de Torrefiel envisage une place peuplée d’êtres sans visages, sans corps tangibles, qui arpentent les lieux comme dans un tableau vivant face auquel le spectateur est aussi lecteur. Et les mots projetés en disent long sur le brouillage des repères propre au monde contemporain.

La place est un espace public. Un lieu de croisements qui ne sont pas toujours des rencontres. Un espace où les discours se côtoient mais ne convergent pas forcément. Et la foule qu’elle accueille ressemble à un amas de solitudes. Dans La posibilidad que desaparece frente al paisaje, leur précédent spectacle présenté au Festival d’Automne, Tanya Beyeler et Pablo Gisbert révélaient des couches d’histoire et de barbarie enfouies sous l’apparente quiétude des paysages. Dans La Plaza, l’espace continue à réfléchir le temps, en se tournant cette fois-ci vers le futur : l’imprévisible – à petite et à grande échelle – est au cœur de cette nouvelle création. Ici aussi, c’est notre propre regard que le collectif barcelonais interroge. Mais qu’est-ce qu’un point de vue à l’heure du selfie tout-puissant ? Le spectacle tient aussi du no-face book, un espace peuplé de personnages anonymes et sans visages. Ils occupent la place, habitent la scène comme un tableau vivant. Le spectateur se découvre lecteur de textes projetés, d’une parole jamais proférée, témoin du malaise de la société d’aujourd’hui.

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Durée estimée : 1h30
Spectacle en espagnol surtitré en français