Marion Siéfert Le Grand Sommeil

[Théâtre]

Le second spectacle de la jeune metteure en scène Marion Siéfert scrute les zones d’ombre de l’enfance : sa part de fantasme, son goût de l’obscène et du monstrueux, sa radicale insolence, son sens du plaisir et du jeu, son exigence vis-à-vis du monde des adultes.

Le Grand Sommeil, c’est celui où se déploient les rêves effrayants et fantasques de Jeanne, le personnage au cœur de la pièce de Marion Siéfert. Jeanne est une pré-adolescente de onze ans qui a collaboré aux répétitions avant d’en être écartée pour des raisons liées à la législation du travail des enfants. Le spectacle s’est alors recomposé pour faire de cette absence le centre névralgique de la pièce. D’un duo entre enfant et adulte, nous sommes passés à un solo vertigineux, tout entier porté par la danseuse, performeuse et chorégraphe Helena de Laurens. Par sa présence explosive, elle donne corps à un personnage monstrueux et hybride : ni enfant, ni adulte, Jeanne-Helena est cette « enfant grande » qui se joue des âges, de la bienséance et des idées reçues sur ce que doivent être les petites filles. La mise en scène de Marion Siéfert fait jouer au corps et à la voix des partitions distinctes, qui se répondent, se font écho ou jouent du contrepoint, recherchant constamment la surprise. Exploitant le corps longiligne de l’interprète, la chorégraphie manie avec jouissance la grimace, l’excès et la fragmentation du corps. Au fil d’une performance d’une folle intensité, le spectacle révèle ce que cet âge peut avoir de brutal et d’inquiétant, et donne à entendre l’exigence de tout enfant d’être considéré avec le sérieux d’un adulte.

––––––
Durée : 1h
––––––
Entretien avec Marion Siéfert à retrouver ici.