Mohamed El Khatib C’est la vie

[Théâtre]

Il y a un vide terminologique à l’endroit de ceux qui ont perdu leur enfant, ces « orphelins à l’envers ». C’est la vie marche dans ce désert à la recherche d’un mot, d’un espoir, en invitant deux comédiens à témoigner de cette indicible douleur. Une performance-expérience-limite qui tient sur le fil de la délicatesse.

En tant qu’acteurs, tout semble séparer Daniel Kenigsberg, 61 ans, et Fanny Catel, 37 ans. Mais il y a trois ans, chacun a perdu son enfant, un jeune homme de 25 ans et une fillette de 5 ans. À partir de là, tout les rapproche, en tant que personnes, notamment cette acuité de ceux qui ont vécu un tel séisme qu’ils savent à jamais qu’il y a un avant et un après. Accompagné des deux comédiens, jouant au sens propre le rôle de leur vie, et de ses complices du collectif Zirlib, l’architecte sonore Nicolas Jorio et le plasticien vidéaste Frédéric Hocké, Mohamed El Khatib confectionne un petit guide pratique à l’usage des vivants. Tordant au passage la question de l’acteur – faire semblant pour s’approcher du réel –, il réalise là une pièce ténue, en équilibre entre pudeur et extrême proximité avec le public, qui nous ouvre à ce que recouvre le mot hébreu Shakoul, « l’ourse à qui l’on a pris ses petits ».
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Ce spectacle bénéficie de l’accompagnement à la reprise du Festival d’Automne à Paris.