Liza Lim
James Dillon

[Musique]

Le principe même du rituel tient du paradoxe : une série de gestes répétée régulièrement, inlassablement, à l’identique, dans l’espoir de faire surgir l’extraordinaire. Un paradoxe à l’œuvre dans ce programme qui réunit Liza Lim et James Dillon.

Dans Pharmakeia (2020), le compositeur écossais nous plonge au cœur du Temenos, ainsi que les Grecs anciens désignaient l’enceinte des sanctuaires. Là, il recrée les mystérieux enchantements de la sorcellerie et des arts magiques – et notamment ceux de la fameuse Circé, celle-là même qui succomba aux charmes d’Ulysse. Au programme de ce vaste cycle en quatre tableaux : transmutation, illusion et nécromancie – pour un conte de fée aussi troublant qu’enchanteur.
Ce parfum de magie demeure dans Veil (1999), où la compositrice australienne se penche sur un autre paradoxe : le voilement qui, tout en masquant un objet, aiguise les sens pour mieux le deviner. Le voile crée un « espace rituel autour de l’objet, ajoutant au mystère de sa présence interdite ».
Le ton est tout autre dans Wild Winged-One (2007). Cet « ailé sauvage » est en fait un personnage de son opéra The Navigator : c’est « l’Ange de l’Histoire » décrit par Walter Benjamin d’après une œuvre de Paul Klee. Emporté par la tempête du temps, cet ange ailé tourne le dos au futur et témoigne des atrocités du passé.