Matthias Pintscher
Gustav Mahler

[Musique]

D’un chant de la nuit qu’entonne Gustav Mahler dans la Septième Symphonie aux larmes de lamentation du Neharot de Matthias Pintscher, ce concert décrit de vastes arches sonores, où le sentiment tragique, l’expérience délétère et la danse d’ombres s’effacent, pour laisser place à l’avènement d’une lumière.

« Au bord des fleuves de Babylone / nous étions assis et nous pleurions, / nous souvenant de Sion ; / aux peupliers d’alentour / nous avions pendu nos harpes » (Psaume 137). En hébreu, neharot désigne ces flots. Sur ce mot, Pintscher a composé une œuvre où deux harpes irriguent un sombre spectre sonore. Comme un tombeau ou un kaddish pour notre temps inquiet, qui se souvient aussi de la cathédrale de Chartres, des eaux qui passent sous elle et de sa renaissance après les flammes.
En regard, la Septième Symphonie de Mahler, en cinq mouvements symétriquement agencés autour d’un scherzo, magnifie le flux de la forme, où la variante est mémoire troublée d’un temps jadis, presque oublié et qui paraît irrémédiablement perdu. Une Mitteleuropa traversée de marches, militaires ou funèbres, de valses et d’imaginaires mélodies populaires, d’un romantisme désenchanté aussi, qui ouvre, par ses tonalités grinçantes et éphémères, les voies de la modernité.