La Fugitive

[Arts visuels]

La Fugitive est le titre que Marcel Proust donne au VIe tome d’À la recherche du temps perdu. L’exposition propose de donner corps au personnage d’Albertine à travers des œuvres emblématiques et inédites. Elle se construit comme un parcours allant de l’espace domestique de la jeune femme, aux milieux réels et fantasmés qui dans le livre se dérobent au regard du narrateur.

Albertine apparaît pour la première fois sur la plage à Balbec, parmi des jeunes filles en fleur sportives et impertinentes. Objet de la convoitise et de la jalousie du narrateur, elle a un caractère affirmé mais demeure incernable. Ses rares interventions brouillent les pistes plus qu’elles n’éclairent ses motivations. Elle apparaît aussi complexe que secrète. Or, le fait qu’Albertine aime les femmes s’impose comme une certitude, et cette sensualité, devinée puis confirmée, obsède le narrateur. Le refus symptomatique de voir en Albertine autre chose que l’incarnation fictive de personnages masculins réels ayant fréquenté l’auteur étonne alors.
Les pratiques artistiques présentées dans La Fugitive questionnent une culture visuelle héritière du male gaze, elles participent à la mise en lumière de l’histoire des personnes queer et proposent ainsi une lecture polysémique des choses et du monde.