Karlheinz Stockhausen Freitag aus Licht
Musique, livret, actions et gestes
Karlheinz Stockhausen

[Musique]

Avec la Philharmonie de Paris et Le Balcon, le Festival d’Automne poursuit, avec ce Vendredi, les représentations du vaste cycle Licht (Lumière), auquel Karlheinz Stockhausen consacra vingt-cinq ans de sa vie. La musique n’y relève pas seulement de l’art des sons, mais entend aussi élever notre conscience aux ordres de l’univers.

Cinquième opéra composé de Licht, et quatrième représenté, Vendredi est le jour de la tentation, du conflit entre deux forces, deux principes du cycle : Lucifer, l’esprit qui nie, le chantre du multiple, sous le nom de Ludon, et Ève, la Grande Mère, cosmique, et la séductrice. Le premier incite la seconde à s’unir à son fils, Caino, et à rejoindre sa révolution contre le ciel. Elle résiste d’abord, puis cède, pour l’évolution de l’humanité, devant les jeux, le rire et la joie de leurs enfants, avec leur concert d’instruments occidentaux et africains. Mais cette union n’entrant pas dans les plans de Dieu, une guerre atroce éclate entre eux, à laquelle prend part un rhinocéros ailé, cracheur de feu. Tout au long des deux actes, des silhouettes étranges, entre l’homme, l’animal et l’objet mécanique, forment douze couples, appariés, et mimant des actes sexuels, avant de donner naissance à des formes hybrides : homme-chat, lune-seringue, archet-nid d’oiseau, voiture-machine à écrire… Celles-ci se rejoignent en une grande flamme et s’élèvent in fine en spirale. Sous l’imagerie fantastique, empruntant à la Genèse ou au Livre d’Urantia, Stockhausen déploie une ample et fastueuse musique électronique, dont il est l’un des plus grands maîtres.