Madeleine Fournier Branle

[Danse]

Considérant le bal comme une éminente manifestation de la connivence entre musique et danse, Madeleine Fournier s’inspire ici du branle, danse européenne populaire de la Renaissance. Musiciennes et musiciens, danseuses et danseurs mènent un bal alchimique, une balade d’ébranle-ments, un ballet des émotions. 

Fondée sur le pas de la bourrée à deux temps, danse traditionnelle du Berry, Branle tisse un canevas de va-et-vient des corps sans contact physique et pourtant puissamment érotique, amoureux, vital. Jouant gaiement de l’équivocité du mot, du verbe et de l’adjectif afférent – ébranlé –, la chorégraphe emprunte au bal, outre sa forme, son potentiel d’activation des énergies et des affects. De cet archétype chorégraphique de la danse collective, elle fait jaillir une mémoire ancestrale des corps. La boucle chorégraphique du pas de base, faite de rapprochements et d’éloignements, impulse d’infinies variations en fonction des rapports entre les interprètes, laissant progressivement apparaître les émotions, les réminiscences, les gestes enfouis, toute une vie invisible. En tant que lieu d’expression des forces créatrices et destructrices des corps, révélateur de notre inconscient collectif, le bal nous mène ici à la lisière d’un troublant sentiment d’éternité.