tg STAN voir et voir

[Théâtre]

Zien en zien (voir et voir) est un spectacle proche de l’abstraction. L’action se situe uniquement dans la langue et dans la musique. Un homme et une femme tentent d’établir le contact, se débattant avec des comportements qui leur sont devenus familiers dans un passé lointain. La douleur qu’ils partagent se révèle petit à petit, jusqu’à ce que nous arrivions à la deviner. Ensemble, ils ont souffert une perte insupportable.
Sans que cela ne soit jamais explicité, Zien en zien peut être vu comme une suite à Pick-Up, (du même auteur) une pièce dans laquelle un homme et une femme se mitraillaient de mots, unis dans des rapports aussi érodés que les sillons d’un disque. Cette fois-ci, le ton est moins fiévreux, plus calme. Mais aussi plus morose…
À certains moments, ils répètent les paroles de l’autre ; ces deux-là sont encore soudés à ce point-là.
Le musicien les complète ; par moments, son saxo se lamente. Au fil des représentations, les acteurs – qui sont d’ailleurs impressionnants – sont accompagnés par des musiciens différents. L’ambiance change donc considérablement selon qu’un pianiste, un violoniste, un guitariste ou un saxophoniste se trouve en scène. Ensemble, ils créent un joyau théâtral d’une grande subtilité, où l’impuissance à former un couple qui s’aime est évoquée d’une manière suggestive.

Marian Buij © de Volkskrant