Ahmed El Attar The Last Supper

[Théâtre]

Une famille bourgeoise cairote est rassemblée autour d’un dîner familial. Il y a le père qui fume son cigare, la mère qui brille par son absence, le fils et sa femme, leurs enfants, la fille et son mari, le général, ami intime de la famille, et les trois domestiques.
Comme dans une pièce de Tchekhov, ils parlent de tout et de rien, s’échauffent brusquement, se disputent puis se calment, s’ennuient et tuent le temps. À travers leurs conversations, c’est la vacuité profonde de l’élite économique de son pays que veut décrire l’auteur et metteur en scène Ahmed El Attar. Autrefois cultivée, maintenant repliée sur elle-même et incapable de penser l’intérêt commun, cette classe dominante apparaît comme futile, autoritaire, cupide et méprisante, avide de domination et soucieuse d’empêcher tout changement.
The Last Supper dépeint une société qui ne parvient pas à tuer la figure archétypale du père, représentée par les présidents égyptiens – de Moubarak à al-Sissi. Alors que dans sa performance De l’importance d’être un arabe, Ahmed El Attar parlait de la révolution et de l’actualité égyptienne en puisant dans des documents personnels – en l’occurrence, ses propres conversations téléphoniques qu’il enregistre –, The Last Supper marque son retour à l’écriture d’un texte théâtral, nourri par la cohésion organique de ses onze comédiens.
Avec ce récit familial et intime, c’est la structure même de la société égyptienne que vise Ahmed El Attar ; une société de classes, marquée par l’hégémonie despotique des pères et la domination silencieuse d’un peuple plongé dans la misère.