Rodrigo Garcia 4

[Théâtre]

Il semblerait que pour chaque artiste le processus de création ait ses règles propres ; certains en héritent, d’autres les inventent. En ce qui me concerne, les règles sont si claires que les décrire me semble anecdotique et n’aurait de toute façon peu ou pas d’intérêt pour le lecteur. Comment décrire quelque chose d’aussi naturel que respirer ?
Reconnaissons que ce qui est substantiel habite ce qui est sous-jacent, et que dans une oeuvre ce qui est précieux se trouve à demi enfoui. Pour ceux qui cherchent un thème, nos pièces sont idéales : comme nous ne nous y arrêtons jamais, la recherche du thème appartient au spectateur, ce sera son passe-temps, devoir déchiffrer ce qui dans la pièce lui semble familier ou évocateur.
L’histoire c’est autre chose : nous mettons toute notre énergie dans l’histoire. Wim Wenders a dit que la simple mise en relation de deux images suffisait à faire surgir une histoire sous nos yeux.
Dans 4, l’histoire parle d’une accumulation de grelots, de têtes de coyote, de mouvements dans des habits pleins de savon, de tourne-disques qui jouent la 4ème symphonie de Beethoven, de coqs qui prennent leurs aises, de petites filles de neuf ans, d’un peu de littérature, de vers attrapés par des plantes carnivores, d’un samouraï, de tennis contre un tableau de Courbet, de dessins animés, de réflexions sur le doggy style, de lumières de stades de foot et de drones qui apportent à la ville des rêveries sous forme de musique de cloches.

Rodrigo García, septembre 2015