Baptiste Amann Des territoires (...D’une prison l’autre...)

[Théâtre]

Second volet d’une trilogie au long cours, Des territoires (…D’une prison l’autre…) nous plonge au cœur de la vie d’une fratrie en deuil. Lyn, Benjamin, Samuel et Hafiz viennent d’enterrer leurs parents. Autour d’eux, une révolte gronde. Baptiste Amann confronte alors ses personnages à l’enfermement, à la colère et à la contestation.
Baptiste Amann choisit un pavillon de banlieue comme huis-clos de son spectacle. Décor unique de sa première pièce Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise...), cette maison est de nouveau l’espace d’un enfermement : les émeutes interdisent ici à la fratrie orpheline de sortir. Le salon devient une cellule de fortune, lieu de réunion et de discussions. La colère intime rejoint alors la colère sociale et invite Baptiste Amann à s’interroger : quelle révolution connaîtra donc notre XXIe siècle ? Le metteur en scène fait appel à l’Histoire pour mieux éclairer notre époque. Dans le premier volet de la trilogie, la Révolution française se dressait sous le décor d’une banlieue ordinaire, à travers la figure du modéré Condorcet. Avec Des territoires (…D’une prison l’autre…), la Commune fait son entrée fracassante sur la scène du théâtre et au cœur du pavillon familial. Baptiste Amann convoque les morts, de Théophile Ferré à Gustave Courbet, de Louise Michel à Marie Ferré, et les communards font alors écho aux personnages contemporains. Ils partagent leur propre défaite, leurs angoisses face à un avenir incertain. Chez Baptiste Amann, l’histoire ne se rejoue pas pour nous rassurer. Elle fait de l’acte révolutionnaire un territoire à défricher, un état d’esprit commun, un engagement douloureux et fragile.