Claude Vivier
Luciano Berio
Gérard Grisey

[Musique]

Ce concert, au cours duquel se déclinent diverses expériences du sacré, du dévoilement archéologique de mythes antiques à l’Ancien Testament, donne l’occasion d’écouter à Paris l’un des chefs-d’œuvre de Luciano Berio, Ofaním, et de découvrir Hiérophanie que son auteur, Claude Vivier, n’entendit jamais en concert.

Gérard Grisey connaissait bien Claude Vivier, qu’il avait côtoyé dès le début des années 1970 et avec qui il partageait une tendance au mysticisme, à la croyance dans le « pouvoir chamanique » de la musique, à la « magie du son », seule capable d’évoquer « la voix perdue » et d’entrer « dans les couches mystérieuses de l’être ». Cette fascination du sacré s’exprime dans Stèle, avec son image d’archéologues découvrant un monolithe et le dépoussiérant jusqu’à y mettre au jour une inscription funéraire.
Œuvre d’un compositeur qui n’avait que 22 ans en 1970, mais dont la création, posthume, devra attendre 2010, Hiérophanie, littéralement « manifestation du sacré » en grec, emprunte son titre au philosophe Mircea Eliade, dont Vivier était un lecteur. Dans ce rite de passage, fait de communication, de méditation, de contact avec le primordial et le primitif, un cri, des déplacements, des éléments aléatoires, des musiques de club, des improvisations, vibrant des souvenirs de l’enfance, le Salve Regina ou un hymne delphique de la Grèce antique traduisent un éveil religieux et spirituel. Metteure en scène souvent invitée par le Festival d’Automne à Paris, Silvia Costa signe la mise en espace de Hiérophanie.
Ofaním de Luciano Berio, dont le titre désigne les roues de l’archange Raziel, alterne des extraits du Livre d’Ézéchiel, « le plus personnel et le plus apocalyptique de tous les prophètes », et les visions charnelles du Cantique des cantiques, la nostalgie du visage de l’aimée. Deux chœurs d’enfants, deux groupes instrumentaux symétriques, une voix de femme et des traitements électroniques y explorent l’espace acoustique, lequel recompose l’œuvre à chacune de ses représentations.
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Durée : 1h45 avec entracte