Sylvain Creuzevault Les Frères Karamazov
d’après Fédor Dostoïevski

[Théâtre]

Dostoïevski obsède depuis longtemps Sylvain Creuzevault. Il s’empare cette année des Frères Karamazov et offre ainsi une scène aux conflits intérieurs et aux questionnements théologiques de ces personnages mythiques et flamboyants.

Avec sa compagnie Le Singe, Sylvain Creuzevault met en scène sans relâche l’invention moderne du politique et dissèque l’histoire du socialisme. L’œuvre de Dostoïevski est une pièce maîtresse de ce gigantesque chantier artistique : après Les Démons, Crime et Châtiment, L’Adolescent, le metteur en scène s’intéresse aux Frères Karamazov – dont il avait présenté l’an passé, de manière autonome, l’épisode du Grand Inquisiteur. L’intrigue semble simple : Fiodor Karamazov est assassiné. Qui est le coupable ? À travers le récit d’un parricide, l’auteur se confronte aux questions métaphysiques et politiques qui l’habitent : l’affrontement entre le bien et le mal, la culpabilité, l’artificialité de la foi, la réconciliation entre la loi divine et la loi terrestre. Et si Dostoïevski critique l’institution religieuse avide de pouvoir, la foi n’a cependant pas déserté son œuvre. Toutes ses réflexions s’incarnent dans une intrigue policière aux allures de farce. Mais une farce grinçante qui dissout les convictions et distille la puissance destructrice du rire. Ce sont toutes ces ambiguïtés que Sylvain Creuzevault met en scène sans escamoter le plaisir narratif des Frères Karamazov. Romantique, fantastique, l’œuvre entremêle les genres et le plateau offre un magnifique terrain de jeu à ce roman inclassable.