Toshiki Okada
Teppei Kaneuji Eraser Mountain

[Théâtre]

Peut-on inventer un théâtre qui ne place pas les humains au centre de la représentation ? La reconstruction brutale d’une ville japonaise décimée par le tsunami de 2011 est le point de départ d’un spectacle qui tente de réinventer les relations entre les hommes, les objets et le monde.

Dévastée par le tremblement de terre, la ville de Rikuzentakata s’est lancée dans de vastes travaux pour élever le niveau de son sol afin de prévenir le risque d’un futur tsunami. Mais l’utilisation de pierres locales a causé de graves dommages aux montagnes environnantes. La vision de ce paysage refaçonné par l’homme a inspiré à Toshiki Okada et à sa compagnie chelfitsch une quête toute inverse : peut-on s’écarter de l’anthropocentrisme inhérent au théâtre pour créer, selon les termes du metteur en scène, « un théâtre pour les choses, un théâtre des choses » ? Pour concevoir la scénographie de ce décentrement radical, Toshiki Okada a fait appel à l’artiste et sculpteur Teppei Kaneuji et à son art savamment maîtrisé du collage. Sur une scène jonchée d’objets en tous genres, qui évoque l’art de l’installation, les acteurs aux mouvements chorégraphiés semblent guettés par l’effacement et la disparition. Comme le faisaient Current Location (2012), Ground and Floor (2013) ou Time’s Journey Through a Room (2016), Eraser Mountain sonde le traumatisme collectif que fut la catastrophe de Fukushima, et la manière dont ses répliques invitent autant à repenser notre place dans notre environnement que les fondements de la représentation théâtrale.
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Durée : 2h20
En japonais surtitré en français