Marlene Monteiro Freitas D’ivoire et chair – les statues souffrent aussi

[Danse]

Concentré de tout ce que Marlene Monteiro Freitas travaille à même le corps, D’ivoire et chair – les statues souffrent aussi, est une étude de genres à la beauté plastique avérée. Les solistes devenus statues sont, ici, les gardiens d’un royaume extraordinaire. Du grand art.

Histoire dans l’histoire, faite de transgressions, de morts et de limites défiées par le désir, D’ivoire et chair se place d’emblée sous l’égide d’Ovide et ses Métamorphoses. Pour Marlene Monteiro Freitas, tout est résurrection possible, à l’image de ces corps-statues. Bouches ouvertes en un cri muet, visages grimaçants, yeux révulsés, les interprètes se lancent dans un rituel incarné. Chez la chorégraphe, on retrouve ce goût pour les focales, diminuant, rétrécissant, amplifiant le geste du performer. « On peut aussi avoir besoin d’un corps entièrement exposé ou d’une plaie béante pour atteindre un détail minuscule ». Enveloppés de notes, comme Feelings, tube surjoué, ou Arcade Fire et le bien nommé My body is a cage –, les « pétrifiés » prennent le plateau d’assaut, le débordent parfois. « La scène est le lieu de la libre mise en danger des frontières », aime à rappeler Marlene Monteiro Freitas. D’ivoire et chair ne montre, dès lors, pas autre chose.