Lucia Calamaro

La Vita ferma. Sguardi sul dolore del ricordo

Archive 2017
Odéon-Théâtre de l’Europe – Berthier Paris 17
7 – 15 novembrenov.
1/3

Texte et mise en scène, Lucia Calamaro
Avec Riccardo Goretti, Alice Redini, Simona Senzacqua
Assistante mise en scène, Camilla Brison
Décor et costumes, Lucia Calamaro
Peintures, Marina Haas
Directeur technique, Loïc Hamelin
Accompagnement et diffusion international, Francesca Corona

Production Sardegna Teatro, Teatro Stabile dell’Umbria/Terni Festival // Coproduction et coréalisation Odéon-Théâtre de l’Europe (Paris) ; Festival d’Automne à Paris // En collaboration avec Teatro di Roma // Avec le soutien de Angelo Mai et PAV // En partenariat avec France Culture // Spectacle créé le 18 septembre 2016 au Terni Festival

Drame de la pensée en trois actes. Tranche de vie d’un père, d’une mère et de leur fille face à la perte d’un proche. Conçu comme un espace mental, le plateau est le lieu d’une réflexion profonde sur l’irréductible déchirure entre les vivants et les morts, que seul comble le chagrin.
De l’épineuse question de nos morts, de leur présence spectrale en nous, du rapiéçage éprouvant de leur mémoire que nous souhaiterions digne d’eux, du sentiment de culpabilité irrémédiablement lié à la perte, Lucia Calamaro fait le pivot de sa pièce. Dans l’entre-deux, vie-mort, il n’y a qu’un fil : celui de la nostalgie, douloureuse, fil qu’il appartient aux vivants de couper ou de maintenir, comme si ceux qui restaient avaient le pouvoir d’accorder ou de retirer une existence. Les trois actes s’attellent à déployer tous les possibles entre les deux murs d’une implacable alternative : entretenir le souvenir pour sauver nos morts, tenter d’oublier pour se sauver soi-même. La Vita ferma réalise un double morceau de bravoure : dans la dramaturgie, en mettant en scène aussi bien les disparus que les endeuillés, mais aussi dans le ton, convoquant une extrême vitalité et un humour décapant pour parler de la mort. Une strate plus souterraine s’esquisse au creux de cette fresque familiale : partant de la question de la fidélité du souvenir de l’autre, souvent tronqué, fragmentaire, réinventé, l’artiste pointe du doigt notre propre et permanente recherche d’identité.

Public sourd et malentendant : ce spectacle est surtitré en français.

Dans le même lieu

Le plateau de Berthier se transforme en espace d’exposition pour accueillir les installations vidéos de la plasticienne Bouchra Khalili consacrées aux troupes de théâtre Al Assifa (La Tempête) et Al Halaka (Le Cercle), créées à Paris et Aix-en-Provence, par des membres fondateurs du Mouvement des travailleurs arabes (MTA, 1973-1977), organisation pionnière des luttes contre le racisme et pour l’égalité des droits. Ces projets concluent une série d’œuvres, initiée avec The Tempest Society (2017), toutes présentées au T2G.

The Circle (2023) propose des modalités de transmission des mémoires occultées d’Al Assifa et d’Al Halaka. À partir de l’oubli et de l’absence d’archives, Mia et Lucas, deux jeunes Marseillais descendants d’immigrés maghrébins y inventent des formes d’exhumation au croisement de la performance, du montage filmique et des techniques du conteur. Ils reviennent aux sources du MTA et de ses troupes, qui culminèrent avec la candidature de Djellali Kamal à l’élection présidentielle de 1974. Membre du MTA et d’Al Assifa, celui-ci transforma sa candidature pour « ceux qui n’ont pas le droit de vote » en performance de visibilité publique et collective.

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