Robert Wilson Docteur Faustus Lights the Lights

[Théâtre]

"Quand j'ai commencé à faire du théâtre j'ai travaillé avec des amis, des gens que je trouvais dans la rue, un peu partout, je n'avais pas d'intérêt particulier pour les professionnels du théâtre. Puis, quelques années plus tard ce sont, précisément, les "grands" acteurs qui m'ont passionné. Et maintenant, je ressens à nouveau le besoin de cette confrontation avec de jeunes étudiants.  J'ai commencé cette expérience pour Hamlet Machine de Heiner Müller avec ceux de Hambourg et de l'université de New York. Aujourd'hui créer ce Faust de Gertrude Stein, avec des étudiants de Berlin, est très excitant. Je me suis rappelé une histoire. Gertrude Stein était venue à New York en 1933 pour Four Saints is three Acts. Virgil Thomson, qui avait composé la musique, avait dit à Miss Stein : "Vous savez, nous devons veiller à obtenir une bonne distribution parce que votre texte est très difficile à dire et à chanter". Et Stein qui vivait alors à Paris au milieu d'une cour d'artistes et d'écrivains lui répondit : "Je veux le faire avec une distribution entièrement noire. Et je voudrais le faire à Broadway". Et Thomson : "Oh, ils ne seront jamais capables de dire le texte, ils ne seront jamais capables de le chanter". Elle : "Bon. L'esprit du texte, de cet opéra sur Sainte Thérèse, ils peuvent l'avoir..." J'ai pu me tromper, mais c'est avec ça en tête que j'ai essayé de réaliser ce Faust avec les étudiants...»

Extrait d'un débat avec Robert Wilson,
Berlin, avril 1992