Ondine Cloez L’art de conserver la santé

[Danse]

En découvrant le traité du XIIIe siècle de l’École de Salerne sur l’art de vivre en bonne santé, Ondine Cloez s’interroge : comment imaginer les gestes perdus ? Dans cette pièce chorégraphique chantée, elle et deux complices danseuses interprètent les aphorismes de l’ouvrage, partagent quelques réflexions et révèlent ce que leurs corps contiennent d’alors.

Pour cultiver les plantes médicinales de son jardin, Ondine Cloez déterre le Regimen Sanitatis Salernitarium, recueil populaire de préceptes d’hygiène de vie, manuel pour une relation au corps et au monde. Ces poèmes en alexandrins traitent du rhume, du sommeil et de la passion amoureuse comme de l’été, de la cerise ou du vin ; tutoient leur lecteur, le médecin ou la plante. La chorégraphe et performeuse française installée à Bruxelles s’entoure de ses amies Anne Lenglet et Clémence Galliard pour concevoir une partition vocale et chorégraphique d’après l’ouvrage. Loin d’une reconstitution historique ou esthétique, c’est avec le langage, leurs imaginaires et leurs corps de danseuses contemporaines qu’elles vont à la rencontre des corps médiévaux et des gestes perdus. En prolongeant une démarche initiée dans le solo Vacances Vacance, centré sur le rapport du mouvement avec sa propre pensée ou avec la littérature qui le décrit, l’artiste dessine en creux une danse de l’absence et de la survivance. Son interprétation aussi approfondie qu’indisciplinée de ces corps, de leurs états et de leurs émotions joue avec malice du hiatus entre ce qui est dit, ce que l’on voit et ce que l’on perçoit.