Christoph Marthaler Aucune idée

[Théâtre]

Comment aborder au théâtre le phénomène de la lacune ? Aucune idée, répond Christoph Marthaler, qui prouve cependant avec ce spectacle drôle et savoureux, interprété par le comédien Graham Valentine et le violoncelliste Martin Zeller, qu’il a quand même son mot à dire sur cette question ô combien évasive.

Cela devrait être là. C’est sûr. Mais bizarrement ça n’y est pas. S’agit-il d’un mot, d’une information, d’un détail essentiel, autre chose, n’importe quoi ? Allez savoir ! Cela peut prendre à vrai dire toutes sortes de formes. Parfois ça laisse sans voix. Imaginez un acteur qui aurait oublié son texte, par exemple. Ou un conférencier qui soudain perd le fil de son propos… La lacune tend à se nicher partout. Souvent, d’ailleurs, on ne la voit même pas. D’où ce constat de Christoph Marthaler : phénomène aussi récurrent qu’abondamment répandu, la lacune ne se laisse pas toujours facilement appréhender, il convient donc de l’aborder avec doigté. Ce à quoi il s’emploie dans cette nouvelle création. Avec son complice de longue date, Graham Valentine, ils s’interrogent sur les origines de la lacune, se demandent si elle survient plutôt isolément ou en nombre, examinent son caractère héréditaire. Tout cela dans toutes les langues et tous les registres. Et en musique, bien sûr, interprétée par le musicien zurichois, joueur de viole de gambe et violoncelliste baroque Martin Zeller.