© Cherylynn Tsushima ©
Dimanche 23 novembre
15h
Georg Friedrich Haas, In iij Noct. (2001).
JACK Quartet : Christopher Otto violon, Austin Wulliman violon, John Pickford Richards alto, Jay Campbell violoncelle.
Le Théâtre de la Ville-Paris et le Festival d’Automne à Paris présentent ce spectacle en coréalisation.
Dans notre modernité si constamment sous les lumières, nous avons perdu le sens de l’obscurité et de la ténèbre. De ce constat naît In iij Noct. de Georg Friedrich Haas, un quatuor à cordes qui se joue dans le noir absolu. Notre expérience du temps, les rythmes de notre corps, la relation à l’autre et l’écoute, enveloppante, s’en trouvent bouleversés.
Le titre de l’œuvre rappelle le troisième nocturne de l’Office des Ténèbres de la Semaine Sainte, au cours duquel on éteignait peu à peu quatorze cierges et dissimulait le dernier, celui du Christ, derrière l’autel, jusqu’à n’y plus rien voir. Aussi le quatuor à cordes de Georg Friedrich Haas est-il marqué, dans son dernier quart, par une citation des Tenebrae Responsoria que composa le musicien et prince de la Renaissance Carlo Gesualdo, aussi maître ès crime, deuil et douleur. Affûtant nos oreilles et rendant plus intenses nos émotions, l’obscurité modifie les règles séculaires de la tradition : la partition, non plus de notes stricto sensu, mais plutôt d’invitations à accomplir certains gestes ; le lieu, distendu, chacun des membres du quatuor se trouvant au plus loin de chaque autre, et entourant l’auditoire ; la durée de l’œuvre, mobile, en constante évolution, et laissée à la discrétion des musiciens, privés de la vue et qui ne communiquent entre eux et avec chacun de nous que par ce qu’ils jouent, dans le pouvoir immersif de l’obscur.
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